La route sombre, de Ma Jian

À offrir à un cœur bien accroché

La route sombre nous plonge dans l’horreur de la politique de l’enfant unique en Chine, à la suite d’une femme, Meili, qui, enceinte, n’a d’autre choix que de fuir la police avec son mari et sa fille. Tiraillée entre le désir buté de son mari, qui veut un fils quoi qu’il en coûte, et la peur de la punition violente qui l’attend si sa grossesse est découverte, Meili ne voit qu’une solution: partir, loin, et atteindre la Commune Céleste, terre polluée où les enfants sont tolérés et les hommes stériles.

Avec ce roman dérangeant, Ma Jian dénonce la cruauté, la misère et la terreur qui poursuivent les femmes en Chine encore aujourd’hui. Des femmes dont le corps appartient aux hommes et à l’État, et dont la voix ne compte pas.

Ma Jian livre un récit engagé et sa dénonciation, violente, peut parfois manquer de subtilité. C’est pourtant cette dénonciation brutale qui fait la force du roman, en révélant une réalité atroce trop souvent masquée à nos yeux d’occidentaux. L’écriture de Ma Jian ne manque par ailleurs pas de poésie, notamment lorsqu’elle donne la parole à l’enfant encore à naître ou décrit les plaisirs simples du désir et de l’amitié. Un roman-manifeste à lire en serrant les dents.

LB