La poésie, un thème !? Non, une façon d’appréhender, en mots et en musique, l’existence ou une parcelle de vies.

Houellebecq affirme : « la souffrance, d’abord » (D’abord, la souffrance, Michel Houellebecq). On pourrait, avec lui, voir la poésie comme un écoulement de la souffrance, qui fait son nid dans la névrose. « A partir d’un certain niveau de conscience, se produit le cri », ajoute l’auteur dérangeant par excellence. A partir d’un certain niveau conscience, il ne peut plus y avoir que la poésie, pourrait-on suggérer.

La poésie, avec sa portée physique, invite à prononcer, à dire, à crier. Elle invite au dialogue avec les sensations, elle prétend savoir dépasser le mime et raconter, elle donne des mots au corps et à ses réalités. La poésie a pour unique objectif de rendre la réalité dans sa plus parfaite et complexe épaisseur, multitude, temporalités éclatées, dans toutes ses dimensions simultanées.

Cendrars raconte qu’à ne savoir aller jusqu’au bout, on est mauvais poète (Prose du Transsibérien, Blaise Cendrars). Et si le sujet favori de la poésie, c’était justement toujours la poésie et son interminable galerie de poètes ? Et chaque vers, chaque mot et chaque son, donne son explication, offre sa justification de l’instantané poétique, le souffle qui nourrit le frisson, l’émotion d’un mot qui sonne et fait vibrer. C’est un sujet à creuser, et justement nous nous y emploierons : traquer le poète dans la poésie, et la poésie comme une solution.

Cette sélection, destinée à grandir, s’émanciper, puis quitter des sentiers déjà trop tracés, n’a comme port d’embarquement aucun lieu défini. Elle n’a ni étape, ni trajectoire établies. C’est un simple reflet de goûts et de curiosités.

Et, alors qu’ « Un humoriste m’a dit / Si dès le début j’avais su la fin / Je n’aurais rien à dire » (Etat de siège, Mahmoud Darwich), les poètes représentés ici semblent infinis!

JM