La tour de Babylone, Ted Chiang

À offrir à un étudiant en sciences (quelles qu’elles soient)

Les nouvelles de Ted Chiang donnent tout son sens au mot « science-fiction ». Dans La tour de Babylone, la science n’est pas un gadget au service de la fiction: au contraire, le récit et la langue prennent forme autour d’elle pour en explorer les possibilités. Mêlant questionnements métaphysiques et érudition théorique, les huit nouvelles de ce recueil partagent ainsi une même préoccupation: l’influence bouleversante de la connaissance sur l’existence.

La première nouvelle, qui donne son nom au recueil, propose une interprétation scientifique du mythe de la tour de Babel. La deuxième pose la question du développement artificiel de l’intelligence. Suivent deux nouvelles frappantes d’érudition et de subtilité. Dans chacune d’elle, une femme va voir sa vie métamorphosée par une découverte scientifique: un théorème réduisant les mathématiques à néant pour l’une, la rencontre d’extraterrestres au langage extrêmement développé pour l’autre. Deux vies de femmes qui valent à elles-seules la lecture du recueil. La seconde de ces deux nouvelles a d’ailleurs été adaptée au cinéma en 2016, sous le titre Premier contact.

D’autres récits complètent La tour de Babylone de réflexions surprenantes sur la beauté, les robots ou même la foi et l’enfer. Les nouvelles de Ted Chiang sont courtes, mais font chacune l’effet d’un coup de poing intellectuel: vite lues, on en reste le souffle coupé, forcé de poser le livre pour absorber l’impact du texte. Des textes qui soulignent le rôle essentiel que la science et la fiction ont en commun: permettre de penser le monde autrement.

LB